Où est passé Malick Diop, l’étudiant sénégalais prisonnier de guerre en Ukraine ?

La détention de Malick Diop en Ukraine, en tant que prisonnier de guerre, continue d’exacerber l’inquiétude de ses parents. Son frère, Saliou Diop, dénonce le mutisme des autorités. Les lettres adressées aux deux ambassades sont restées sans réponse, et le ministère des Affaires étrangères demeure amorphe.

Le cas de ce jeune étudiant sénégalais, originaire du département de Koungheul et capturé sur le front de la guerre russo-ukrainienne, en territoire ukrainien, ronge jour après jour les membres de sa famille. Selon Les Échos, cette détention prolongée, sans information officielle, suscite une vive tension dans leur entourage immédiat. Le ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères avait pourtant déclaré, juste après l’annonce de sa capture : « Nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour assister Malick Diop. Nos services travaillent de concert avec l’ambassade de Russie pour une solution. » Une promesse restée lettre morte, selon les proches du détenu.

Depuis cette déclaration initiale, aucun suivi concret n’a été observé. « Nous n’avons aucune information de notre frère. L’angoisse grandit. Toutes les correspondances envoyées dans les deux chancelleries – ambassades de Russie et d’Ukraine à Dakar – sont restées lettres mortes. Aucune réponse, aucune information venant de Kiev sur la détention de notre frère », déplore Saliou Diop, joint par téléphone. D’après Les Échos, cette situation illustre les limites criantes de la diplomatie sénégalaise face aux crises impliquant ses ressortissants à l’étranger.

« Nous sommes inquiets. Personne n’est entré en contact avec lui, même pas son père. Il est injoignable. Le ministère de l’Intégration africaine ne communique toujours pas et se contente de nous dire que les services sont à pied d’œuvre. Une réponse qui ne rassure nullement la famille », poursuit-il. Le père du jeune homme, plongé dans une attente douloureuse, vit dans l’expectative : « Personne ne sait s’il est en vie ou s’il n’est pas grièvement blessé. Des tonnes de questions nous hantent chaque jour », se plaint son frère, la voix pleine d’émotion.

Toujours selon Saliou Diop, Malick voulait coûte que coûte quitter la Russie. « Il a surpris tout le monde. Il nous disait avoir l’intention de rentrer au pays pour tenter une autre piste migratoire. Son séjour était compliqué, et il ne voulait qu’une chose : revenir au Sénégal. » Il avait d’ailleurs déjà décroché sa licence professionnelle. Les Échos précise que plusieurs jeunes étudiants sénégalais ayant connu des parcours similaires en Russie évoquent souvent des conditions de vie difficiles et un isolement profond.

Saliou Diop, très affecté, confie que l’engagement de son frère dans l’armée russe a été une surprise totale pour toute la famille : « Son engagement a été un choc. Personne ne s’attendait à cela, surtout venant de lui. »

Enfin, Les Échos souligne que ce cas met en lumière un vide juridique et diplomatique en matière de protection des citoyens sénégalais impliqués malgré eux dans des conflits internationaux. Pour la famille Diop, le silence prolongé des autorités est devenu insoutenable, et l’absence de médiation active renforce le sentiment d’abandon. En attendant, l’angoisse reste leur quotidien, face à une situation tragique qui mériterait, selon eux, une mobilisation nationale.